Lynn S.K.

Au bout du chemin

Au bout du chemin

Début 2011, l'écrivaine Lola Lafon m’a écrit, quelque chose comme, "je crois que dans mon dernier livre, ça dit un peu la même chose que dans tes photographies". Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s'annonce. Je l'ai lu comme dans l’urgence, et l'ai annoté presque à chaque page. Peut-être parce que le récit m'en rappelait d'autres : Valérie Valère, Violette Leduc, Sylvia Plath, et d'autres femmes qui débordent du cadre et avaient nourri mon imaginaire. Très vite, l'idée d'une adaptation photographique est venue.

Pendant trois semaines, au printemps 2011, j'ai retracé les lignes de force et de fêlure des trois héroïnes du livre, qui, par la danse et l'insurrection, veulent retrouver une respiration dans une société plus répressive qu'elle ne s'en donne l'air.

C'était une période étrange, dans laquelle je sortais de mes études, je n'avais ni travail, ni appartement fixe, j'errais, dans Paris, de sous-location en sous-location, et il fallait se positionner clairement dans un monde à la fois ultra pragmatique et sans repères, l''Election" avait eu lieu, et les corps devaient se faire rigides, productifs, résignés. Ma résistance se devait poétique. Avec plusieurs "modèles", qui étaient avant tout des proches, nous avons parcouru Paris et dessiné sur les murs, dansé sous les ponts, déambulé dans la ville en tenue d'hôpital, et re-tracé les parcours des héroïnes du livre, leurs idéaux qu’on fait taire à coup de benzodiazépines, leurs résistances fragiles.

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