Polyphonie ukrainienne
« Bougies, fleurs et drapeaux encadrent les portraits des héros de Maïdan le long de la montée Khreshchatyk, artère principale de la capitale. Un des derniers symboles de la révolution. « Ce mémorial, pendant des mois je l'ai évité... Je l'appelais mon Golgotha. C'est rare que j'y pense ainsi, mais tout compte fait, j'ai déjà vécu deux révolutions et une guerre dans ma courte vie. », confie Vira Baldnyniuk, 40 ans. Quelques années ont passé depuis la révolution de Maïdan, une apparente normalité a pris le pas dans la majeure partie du pays mais les confits perdurent à l'Est, la Crimée est belle et bien annexée, le rapprochement de l'Union Européenne reste incertain et la transition paraît interminable.Pourtant, quand on se tourne vers les Ukrainiennes, une autre mutation semble à l'oeuvre : la fn de la culture du silence.Elles ne portent ni la blonde natte de l'ambitieuse et ambiguë politicienne Ioulia Timochenko nin'affichent le buste pour le moins controversé des FEMEN, mais partagent la volonté de bâtir une autre Ukraine, où compte désormais la voix des femmes : celle de l'émancipation et de la résilience.Anonymes ou renommées, si leurs trajectoires diffèrent, chacune de ces Ukrainiennes a vu sa vie changer depuis 2013. Elles traversent au quotidien les lignes de front visibles et invisibles de ce fragment de l'histoire de leur pays, héroïnes malgré elles d'une transition tourmentée. »
Camille Leprince